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Comment allier aromathérapie et développement durable dans sa pratique ?

Comment diffuser les huiles essentielles dans la maion sans danger pour vous ou vos animaux ?

Très souvent, la découverte de l’aromathérapie survient dans votre vie quand vous souhaitez tendre vers un mode de vie plus écologique, plus en phase avec vos valeurs éthiques. Les huiles essentielles apparaissent comme une étape incontournable pour se soigner au naturel. Dans un élan « green » en rupture avec la société de consommation, elles deviennent des remplaçantes idéales des médicaments d’une industrie pharmaceutique décriée. Et si les choses n’étaient pas si limpides ? Aromathérapie et développement durable sont-ils opposés ? Et si en démocratisant le premier, on allait à l’encontre de l’environnement ? Voici quelques repères pour vous éclairer dans ce dilemme environnemental et vous aider dans vos choix…cornéliens !

Huiles essentielles et écologie : quels enjeux ?

Les huiles essentielles demandent une culture importante de plantes et donc de terres pour les faire pousser. Ayez toutefois à l’esprit que la majeure partie des cultures est à destination de l’industrie alimentaire et non de la thérapeutique ! Voici quelques arguments qui remettent en perspective l’aromathérapie et l’écologie.

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La rose de Damas, une fleur distillée depuis les débuts de l’histoire de la distillation et de la parfumerie, en est un excellent exemple. Le ratio moyen ? 4 tonnes de pétales de rose pour 1kg d’huile essentielle ! Je vous laisse imaginer l’espace agricole nécessaire à la culture de rose. Faut-il alors diminuer ces plantations ? Je serai bien peinée de ne plus avoir d’hydrolat de rose de Damas dans mon quotidien, mais il faut remettre en perspective ces cultures par rapport aux espaces sauvages et protégés ou encore aux espaces consacrés à la culture des produits alimentaires de base. Vaste débat !

[dsm_text_divider header= »Un transport qui doit être sécurisé » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Les huiles essentielles sont une matière extrêmement concentrée. Si un camion transportant des fûts de cette matière première déverse son contenu, il y a danger pour l’environnement. Les pictogrammes apposés sur les contenants de vrac peuvent être alarmants : toxicité sur les milieux aquatiques, risque pour l’environnement, produits inflammables. Un déversement d’huile essentielle de lavande a eu lieu en juin 2021 dans le Vaucluse n’occasionnant par chance aucune incidence sur l’environnement.

Lien vers un article qui relate le déversement d'huile essentielle de lavande sur un parking
[dsm_text_divider header= »Des normes françaises et européennes strictes » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Pour mettre une huile essentielle sur le marché, il faut respecter une mise en conformité avec différents règlements européens : REACH, CLP Classification, ECHA, Règlement n°1223/2009 applicable aux produits cosmétiques…

Toutes ces lois visent à protéger le consommateur des produits adultérés, de mauvaise qualité. Les labels bio apportent un supplément de confiance assurant que la matière végétale a été cultivée sans intrants chimiques, avec des modes de culture particuliers…

Pour le consommateur, c’est rassurant de savoir que dans son flacon ne demeure que l’huile essentielle et non des produits de synthèse, des résidus de pesticides ou des huiles végétales peu coûteuses qui assurent un remplissage !

Les huiles essentielles d’un pays en dehors de l’UE qui ne sont pas soumises à ces règlements très protecteurs des consommateurs et n’auront pas les mêmes certifications : esprit critique à enclencher ! Aux États-Unis ou en Asie, les lois sont très différentes…

En amont du flacon d’huiles essentielles : le travail de l’agriculteur et de l’artisan-distillateur

Le développement durable englobe aussi cette partie liée au social, au respect de l’homme et de son travail. Sans eux, aucune chance d’avoir une huile essentielle de qualité !

[dsm_text_divider header= »Redonner sa place de l’humain  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Assurer une juste rémunération des cultivateurs des plantes aromatiques et médicinales est un vrai sujet. Souvenons-nous qu’ils sont le premier maillon de la chaîne ; sans l’agriculteur ou le distillateur, aucune huile essentielle ne nous livrera jamais son pouvoir thérapeutique. Alors, qu’en est-il dans les pays en voie de développement ? Pouvons-nous être assurés du respect de tous les humains qui travaillent dans les domaines agricoles ? Difficile à vérifier, mais les démarches d’un bon nombre d’entreprise vont dans ce sens.

[dsm_text_divider header= »Miser sur les bonnes pratiques agricoles  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Principes de permaculture, non utilisation d’engins agricoles qui réclament des énergies fossiles, aucune utilisation d’intrants chimiques, respect du vivant et des écosystèmes en favorisant la biodiversité, et notamment les insectes pollinisateurs. Voilà quelques secrets pour obtenir des végétaux de qualité exceptionnelle pour une distillation artisanale d’orfèvre !

[dsm_text_divider header= »Quand aromathérapie et développement durable se conjuguent  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Certaines distillations se font à partir de déchets de coupes : c’est la caractéristique d’Aromacomtois, dans le Jura, qui est un spécialiste de la distillation des sapins et autres abiétacées qu’il récupère auprès de l’ONF. Un cercle vertueux parfaitement rôdé tout en respectant les circuits courts !

[dsm_text_divider header= »Quid de la cueillette sauvage ? » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

 C’est évidemment une solution parfaite pour obtenir une huile essentielle et un hydrolat des plus sauvages. Les distillateurs que je connais sont de grands protecteurs de l’environnement avec cette méthode où il serait facile de laisser une terre vidée de ces ressources. Un prélèvement juste, la possibilité laissée à la plante de se régénérer, la connaissance des lieux et des espèces : ils sont experts ! Cyril Richard du Jardin d’étoiles est un cueilleur à ses heures… Mais la cueillette sauvage a aussi son revers de médaille, notamment en Asie où les braconniers sont très nombreux pour revendre les plantes très utilisées en Médecine Traditionnelle Chinoise. C’est le cas d’une plante chinoise, la fritillaria delavayi qui a parfaitement su évoluer pour se dérober du regard des cueilleurs.

[dsm_text_divider header= »Respecter les rythmes de la nature » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Pour obtenir une huile essentielle de qualité, il faut bien connaître la plante originelle ! Et la distiller au bon moment pour obtenir un rendement optimal. La conduite de la distillation est importante aussi : certains distillateurs, comme des boulangers d’exception qui façonnent leur levain, font monter la pâte amoureusement, produiront des huiles essentielles exceptionnelles par leur savoir-faire et leur amour du sujet, d’autres seront plus standardisés. C’est comme choisir entre un centre commercial et une épicerie fine si vous voulez une autre comparaison !

[dsm_text_divider header= »Adapter ses besoins énergétiques » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Les alambics sont l’outil indispensable du distillateur. Il faut toutefois réfléchir à son alimentation (énergie fossile, bois de chauffe, électricité, énergies renouvelables…), à la qualité de son eau (de source, adoucie) aux devenirs des déchets verts une fois la distillation conduite. De belles initiatives de transformation de ces déchets verts en paillage ou en compostage sont à souligner !

Comment être assuré de choisir une huile essentielle conforme aux valeurs du développement durable ?

[dsm_text_divider header= »S’orienter vers des plantes locales  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » header_font_size= »20px » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Un thym à thymol, s’il est cueilli et distillé sous mes latitudes des Hauts-de-France ne produira pas la même quantité ni la même qualité d’HE : les essences nichées dans les organes producteurs de la plante qui sont à l’origine de l’HE ne se seront pas développées de la même façon que dans sa garrigue originelle. C’est un peu comme le goût d’une tomate du Nord comparé à celle que vous pouvez manger en Italie : rien à voir !

[dsm_text_divider header= »Viser un label bio : un critère fondamental !  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » header_font_size= »20px » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Je suis bien consciente que certains tout petits artisans ne peuvent pas assumer cette charge mais font le travail nécessaire pour que la qualité de leur produit soit exceptionnelle. Le mieux est encore de discuter si vous en avez la possibilité avec eux. Mais vous devez avoir l’assurance que l’huile essentielle ou l’hydrolat répondent à des critères exigeants, évalués par des organismes indépendants et non des critères auto-proclamés qui n’existent que chez une marque.

[dsm_text_divider header= »Favoriser l’économie locale  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » header_font_size= »20px » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Oui, parfois, je le concède, ça coûte plus cher d’acheter local. Mais vous avez ce pouvoir de changer les choses avec votre argent ! Ce n’est évidemment pas logique de se dire qu’en étant local, c’est plus cher, car cela demande moins de transport, moins de publicités, mais le bénéfice que vous rendez à la société vaut bien ces quelques euros !

[dsm_text_divider header= »Sortir du marketing  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » header_font_size= »20px » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Les frais de port gratuits à partir de X d’euros, ça vous parle ? Et voilà que je complète mon panier avec des choses dont je n’ai pas besoin. Allez, si je vous le dis, c’est que je l’ai fait à une période : l’important c’est d’analyser son comportement de consommateur et de se remettre au diapason de ses valeurs profondes.

[dsm_text_divider header= »Privilégier les plantes directement cueillies dans leur biotope  » color= »#ACBEB0″ _builder_version= »4.10.8″ _module_preset= »default » header_font_size= »20px » global_colors_info= »{} »][/dsm_text_divider]

Je l’ai déjà évoqué plus haut, les plantes locales sont un must. Elles ont elles-mêmes choisi l’endroit idéal pour leur développement car il était le plus favorable tant pour l’apport de nutriments du sol, la luminosité, les plantes voisines que le juste apport en eau. Elles donneront forcément leur meilleur d’elles-mêmes !

LES HYDROLATS SONT-ILS UNE SOLUTION PLUS RESPECTUEUSE DE L’ENVIRONNEMENT?

Lorsqu’on raisonne développement durable, on entre dans une logique systémique où il est difficile de mesurer les chaînes d’impact de la consommation d’un produit en remontant à sa production, sa commercialisation, son transport irrémédiable…

Les hydrolats étaient auparavant jetés dans la nature car non rentables. La revalorisation de cette matière première peut apporter un revenu complémentaire au distillateur, une plus-value au consommateur, plutôt qu’un rejet dans la nature…Et c’est tant mieux pour nous ! On vous a déjà dit que chez Maison Aromaterii, on adorait littéralement les hydrolats ? Certaines expériences sont menées pour vérifier l’exploitation agricole des hydrolats pour protéger les cultures des parasites. En voilà une idée durable ! 

Bien sûr, le transport des hydrolats, plus lourds, est coûteux surtout si le conditionnement est fait dans des flacons en verre, optimaux pour la conservation et la protection de l’hydrolat. Un tiraillement de plus dans notre envie d’utiliser une aromathérapie durable et slow… 

Comment faire rimer aromathérapie et développement durable ?

Voici quelques conseils pour utiliser l’aromathérapie de manière écologique :

 

  • Consulter la liste des espèces sur le site de l’IUCN.
  • Se tourner vers des alternatives en phytothérapie : on profite d’un plus vaste choix de plantes et d’autres molécules actives sur l’organisme.
  • Se faire conseiller pour acheter un flacon bien identifié qui correspond à ses propres besoins auprès d’un spécialiste en aromathérapie.
  • Oublier l’utilisation de l’aromathérapie pour l’entretien de la maison ! Non, l’huile essentielle de lavande ne parfumera pas votre linge, l’eucalyptus radié ne va pas éradiquer le virus de la COVID-19. Elles sont des superbes arguments marketing, mais trop précieuses pour être utilisées dans l’entretien de la maison et les produits d’hygiène : redonnons-lui ses lettres de noblesse !
  • Modérer ses dosages. L’aromathérapie n’est pas un art où plus on en met et mieux cela fonctionne.
  • Penser polyvalence : misez sur une huile essentielle qui peut répondre à un maximum de vos problématiques.
  • Privilégier l’achat direct chez le distillateur (ou ses distributeurs comme Maison Aromaterii).

 

Au final, aromathérapie et développement durable peuvent être des concepts parfaitement alignés !

Prévenir plutôt que guérir : pour une santé « écolo-compatible »

J’adore cette expression reprise de l’ouvrage que je vous avais présenté sur mes réseaux Manuel de phytothérapie écoresonsable du Dr Aline Mercan.

Je me suis longtemps posée cette question : mais pourquoi l’aromathérapie qui existe depuis des centaines d’années connaît soudain une montée exponentielle depuis deux décennies ? Une vulgarisation de la matière, une puissance extraordinaire, un effet de mode ? Sans doute la réunion de tous ces facteurs combinés à d’autres…

C’est en réalité tout notre système de pensée qu’il faut revoir, inverser la logique : si l’on part de la question « Comment je fais pour rester en bonne santé (physique et mentale) grâce à une bonne hygiène de vie ? », on peut diminuer son besoin de guérison et de substances médicinales. Je sais qu’il est plus facile de croire à un flacon d’huile essentielle aux propriétés vues comme « magiques » plutôt que de chambouler toutes ces croyances et habitudes de vie. Mais ne sommes-nous pas en train de réinventer nos paradigmes ?

Si on s’engage dans une démarche de développement durable, on oublie l’aromathérapie ?

Pour conclure, il va falloir répondre à cette question « solastalgique »… Vous connaissez la solastalgie ? Aussi appelée éco-anxiété, c’est l’angoisse que l’on doit à nos ruminations concernant les préoccupations écologiques : dérèglement climatique, perte de biodiversité, peur de l’effondrement total…

Alors oui, il est vrai que lorsque j’achète un flacon qui vient de Madagascar, je me dis que ce n’est pas l’idée la plus brillante du siècle suivant mes valeurs. Mais on n’a pas forcément le choix lorsqu’il s’agit d’une plante endémique (= qui pousse sur un territoire donné). Je pense qu’il faut le faire en conscience, reprendre le pouvoir de notre cerveau qui nous pousse à acheter toujours plus et ne pas collectionner juste pour le plaisir. 

Les huiles essentielles et les hydrolats ne sont pas à remiser au placard : ils sont à la base d’une économie mondiale, font vivre des familles et apportent tout de même des bienfaits incommensurables lorsque l’aromathérapie est appliquée avec justesse, rigueur et bon sens.

C’est dans cette modération que l’on trouvera le mariage parfait de l’aromathérapie et du développement durable !

 « La modération est le trésor du sage. »

Voltaire