Une sélection d’huiles végétales rares d’ici et d’ailleurs
Nous en possédons tous une bouteille a minima dans notre cuisine : colza, tournesol ou olive. L’huile végétale retrouve ses lettres de noblesse en cosmétique naturelle depuis quelques années. Et c’est tant mieux pour notre peau qui a tout à y gagner ! Mais à côté de l’huile de jojoba, d’argan, de coco, d’amande douce qui sont de grands classiques, il existe des petites pépites que je voulais partager avec vous dans cet article. L’huile végétale de pépins de pomme ou de cameline et d’autres huiles végétales rares et précieuses que vous (re)découvrirez dans l’article sont de pures merveilles. Prêt à découvrir les bienfaits et leurs propriétés pour les intégrer dans votre rituel beauté ? Je suis certaine que vous trouverez votre bonheur dans la sélection que j’ai été contrainte de faire : difficile en effet de faire un choix dans TOUTES les ressources végétales existantes …
Qu’appelle-t-on une huile végétale ?
Ceux et celles qui me connaissent ont conscience que j’aime appeler un chat… un chat. Mettons-nous d’accord tout de suite sur ce qu’est une huile végétale, ses procédés d’obtention, sa composition pour ne pas nous emmêler les pinceaux.
Les huiles végétales sont extraites des plantes oléagineuses. Oléo signifie en latin « huile » (mes 6 années de latin n’ont pas été vaines !) De nombreuses ressources aux quatre coins du monde donnent une huile végétale qui sert en premier lieu dans l’alimentation. En effet, notre corps, et notre peau, a besoin des acides gras qui sont les molécules de base de l’huile et assurent des fonctions vitales différentes. Nous trouvons dans l’huile les acides suivants, avec des compositions différentes :
- Acides gras saturés ;
- Acides gras monoinsaturés (appelés omégas 9) ;
- Acides gras polyinsaturés (les fameux omégas 6 et omégas 3).
S’ajoutent à ces acides gras, une fraction appelée insaponifiable car elle ne réagit pas lors de la saponification à froid, réaction de l’huile végétale et de la soude caustique pour former le savon à froid de nos salles de bain. Elle peut contenir des alcools, des cires, des squalènes et des vitamines A, D, E, K principalement.
L’huile végétale est extraite des végétaux par différents procédés : mécanique ou hydraulique, centrifugation, extraction au solvant. Cette dernière solution produit une qualité médiocre d’huile et n’est certainement pas à retenir pour les huiles végétales à utiliser en cosmétique ou en aromathérapie. L’extraction au CO2 est une méthode récente qui permet de retirer de la plante de nombreuses molécules et pas seulement les acides gras procurant des extractions très complètes mais que l’on trouvera sous l’appellation extrait CO2 et non huile végétale.
Veillez à la choisir vierge, de première pression à froid, sans raffinage et bio pour être absolument certains d’une qualité optimale.
Au vu des appellations très diverses des produits l’on trouve dans les commerces, il y a de quoi devenir chèvre ! Les huiles végétales n’échappent pas à cette vérité et on les retrouve sous divers noms : huile (ça tombe sous le sens ! ), élixir, oil, huile de beauté, baume, sérum, huiles naturelles… Pas simple de se repérer dans cette jungle. Voici des éléments qui vous permettront d’y voir plus clair.
- Une huile végétale n’est pas une huile essentielle
Les procédés d’extractions ne sont pas les mêmes, la puissance d’action des huiles grasses est plus faible, les molécules qu’elles comportent ne sont pas similaires. Aucun oméga 3 n’a été décelé dans une huile essentielle !
Elles sont pourtant parfaitement compatibles : l’huile végétale est un véhicule parfait pour appliquer sur la peau l’huile essentielle.
- Une huile végétale n’est pas un extrait CO2
Le C02 supercritique permet une extraction plus complète et emporte tous les composés lipophiles (=qui aiment le gras) de la plante. Nous en verrons un exemple un peu loin dans l’article.
- Une huile végétale n’est pas une huile minérale
Les huiles minérales sont des dérivés de l’industrie de la pétrochimie. Ce sont certes des distillations, mais de pétrole, de houille et autres matières qui font rêver. Elles sont omniprésentes dans la cosmétique conventionnelle car de texture de type huile sèche. Ça n’en reste pas moins du pétrole…
Dans l’univers des huiles, certaines sont très connues, d’autres huiles végétales sont plus rares : c’est le moment de les mettre en valeur !
Portraits de 6 huiles végétales rares
L’huile végétale de pépins de pomme est une de mes favorites pour plusieurs raisons !
D’où vient-elle ?
Elle est produite pour revaloriser les pépins de pommes à l’issue de la production de cidre. Parfaitement en accord avec les valeurs de développement durable de Maison Aromaterii !
Son odeur
Son odeur d’amande amère douce et subtilement fruitée est un pur bonheur olfactif. À la fois régressive et pep’s, elle gagne à être utilisée pure comme un soin précieux.
Sa compo
Riche en acide linoléique (oméga 6), en vitamine E antioxydante, en phytostérols et en quercétine, un flavonoïde lui aussi antioxydant, elle est tout indiquée pour lutter contre les premiers signes de l’âge. Raffermissante et lissante dans une certaine mesure, elle permet aux peux fatiguées et atones de tirer profit de ses bienfaits. Elle stimulerait la production de collagène, des fibres de notre derme qui soutiennent la peau comme un matelas. Une parfaite huile végétale anti-âge !
Sa texture et ses utilisations
Son fini plutôt sec est très intéressant pour une pénétration cutanée rapide. Un ajout d’huile essentielle de bois de rose ou de katrafay complétera ses propriétés sur les rides et ridules.
D’où vient-elle ?
Elle est elle aussi issus d’une revalorisation d’un produit de l’industrie agro-alimentaire.
Son odeur
Elle a un lèger sillage d’amande amère, comme toutes les huiles qui sont pressées à partir des noyaux. Pas désagréable du tout !
Sa compo
Ses acides gras se partagent entre oméga 9 et oméga 6 qui réparent et régénèrent la peau dans une visée anti-âge, en améliore l’hydratation et l’éclat. Par ailleurs, cette huile végétale insolite est riche en vitamine E (que vous trouverez aussi sous le nom plus scientifique de tocophérols), mais renferme aussi des caroténoïdes et des phytostérols qui aident à se protéger des UV. Toutefois, une huile végétale ne suffit jamais à vous protéger des rayons du soleil, soyons clairs sur ce sujet !
Sa texture et ses utilisations
Parmi ses utilisations, celle qui consiste à laisser poser un bain d’huile sur les cheveux est particulièrement incroyable par le gainage et la nutrition qu’elle opère sur la fibre capillaire : le lissage est parfait après le shampoing ! Semi-grasse, elle hydrate parfaitement la peau mature et calme la peau sensible.
Sensible à l’oxydation, il est préférable de la garder au frais après ouverture.
L’huile végétale de cameline représente sans conteste la douceur !
Son odeur
Elle a une odeur verte, tonique mais néanmoins discrète.
Sa compo
Dominée par les oméga 3 (elle sera par conséquent très sensible à l’oxydation et à conserver au frais ), cette huile végétale est extrait d’une plante de la même famille que la moutarde et le pastel, les brassicacées. Si vous entendez parler du « lin bâtard » ou du « sésame d’Allemagne », ne cherchez pas plus loin que le bout de… la cameline ! C’est bien elle qui se cache derrière ses expressions.
Sa texture et ses utilisations
Très recommandée sur les peaux sensibles qu’elle apaise comme pour les peaux matures qu’elle régénère avec ses tocophérols et phytostérols. En bain capillaire, elle complétera à merveille l’huile végétale de noyau de cerise pour redonner une belle densité à la chevelure.
Elle est parfaite le matin par sa pénétration cutanée ultra rapide sans film gras résiduel.
D’où vient-elle ?
Typique du sud ouest de la France, elle a été utilisée dès l’Antiquité en médecine avant un déclin dont elle commence à peine à sortir. Sa culture donne également naissance au pigment « bleu de pastel » utilisé dans les teintures et peintures.
Sa compo
Contenant à la fois des omégas 9, 6 et 3, elle n’est aujourd’hui plus utilisée en thérapeutique (cela reviendra sans doute !) mais uniquement en cosmétique.
Sa texture et ses utilisations
Elle revitalise la peau, a une action cicatrisante. Sa vitamine E lui confère des effets contre le stress oxydatif. Une huile végétale du pays de cocagne encore onéreuse qui sera un must-have dans quelques temps !
Son odeur
Si vous souhaitez vous laisser emporter par une odeur délicieuse, fruitée et doucement acidulée, plongez-vous dans l’extrait C02 de framboise !
Sa compo
Entre sa concentration en omégas 3 et 6 et la richesse de ses actifs (vitamine E et caroténoïdes), il est à appliquer autant sur les peaux matures que les peaux sensibles et réactives. Il possède un autre atout de taille : sa capacité à illuminer le teint et à prolonger les effets du soleil sur une peau mordorée. Si elle protège la peau, on ne peut se passer d’une protection solaire à l’indice élevé.
Sa texture et ses utilisations
Hyperconcentré, cet extrait CO2 ne s’utilise pas pur : il comptera 1 à 5% maximum d’un sérum pour le visage ou le corps et même pour les cheveux secs et cassants qu’il tonifiera. Notez qu’il est possible de trouver une huile végétale de framboise aux propriétés similaires.
Je vous avais promis des huiles végétales, voilà qu’après l’extrait CO2, je vous présente un macérât huileux… J’aime la diversité !
D’où vient-il ?
Un macérât huileux est une technique d’extraction des composés lipophiles d’une plante. Vous connaissez sans doute le macérât de calendula ou d’arnica appelés improprement huile de calendula ou huile d’arnica ? C’est tout bonnement la même chose : on plonge la plante fraîche ou sèche dans une huile végétale neutre et on la laisse faire son travail d’extraction.
Le macérât de plantain est une de mes préparation favorite en été. Cette plante a cette tendance à pousser partout ! Observez-bien votre jardin ou les bords de chemin, vous croiserez immanquablement le plantain lancéolé aux feuilles longues ou le grand plantain aux feuilles plus rondes.
Sa texture et ses utilisations
Les propriétés anti-histaminiques du plantain sont spectaculaires : les démangeaisons de tout ordre passent en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire…
Créer un baume en ajoutant ce macérât à de la cire animale ou végétale est un jeu d’enfant et se révèle d’une utilité indispensable en été ou lors d’une balade.
Quel est l’intérêt d’utiliser des huiles végétales en aromathérapie et en cosmétique botanique ?
Les huiles végétales rares ou plus communes sont fabuleuses à plus d’un titre.
En cosmétique botanique, elles représentent une large gamme pour prendre soin de sa peau au naturel :
- pour se démaquiller ;
- pour créer une crème DIY ;
- pour fabriquer un sérum ultraconcentré ;
- pour apporter de la douceur à un masque à l’argile ;
- pour réaliser un soin pré-shamping et sublimer les cheveux secs ;
- pour réguler la sécrétion de sébum en application et limiter les déséquilibres sur le cuir chevelu ;
- pour constituer un sérum sur pointes abimées ;
- pour hydrater le corps et lui apporter du confort après la douche ou le bain ;
- pour donner un fini satiné aux jambes et au décolleté l’été.
En aromathérapie, elles sont le vecteur idéal pour l’application des huiles essentielles qui ne peuvent en général pas se mettre pures sur la peau. Elles sont une excellente base de massage (avec l’huile de sésame par exemple que j’aime beaucoup !).
L’oléothérapie, à la source des soins uniquement à base d’huiles végétales est particulièrement recommandée aux personnes qui ne peuvent pas bénéficier des huiles essentielles : femmes enceintes, enfants, personnes fragiles avec pathologies neurologiques… Vous pourrez retrouver tous leurs bienfaites dans différents ouvrages de références, comme celui de Françoise Couic Marinier que j’ai présenté dans un autre article.
Vous aurez remarqué que toutes ces huiles végétales précieuses et rares ou extraits CO2 sont des productions locales et parfois des revalorisations de l’agriculture ! Ces produits provenant de chez Bioflore sont disponibles en boutique.
Crédit photos : Unsplash, Maison Aromaterii, Flaticon